
Aujourd’hui c’est aux enfants et aux grands enfants que je m’adresse. Si vous adorez les contes (j’étais une grande lectrice de contes quand j’étais petite) et le Japon, les quatre volumes des contes Mukashi Mukashi (Il était une fois) des éditions Issekinicho vous plairont à coup sûr. Ils sont colorés, variés (trois contes par volume avec à chaque fois un grand classique, un conte animalier et un conte humoristique). De quoi passer de bonnes heures de lecture et s’émerveiller devant les fabuleux décors, avoir peur, mais juste un petit en découvrant les onis (monstres colorés), et rire parce que ça fait du bien et qu’on en a besoin en ce moment !
Ces recueils sont d’une très grande qualité : couverture rigide, grand format, couleurs très très belles, et même « du brillant » sur les couvertures (doré pour le recueil 3 et bleu métallisé pour le recueil 4).
J’ai déjà écrit sur les deux premiers volumes dans Journal du Japon. Je vous présenterai donc cette fois les deux suivants.

Le recueil 3 est écrit et illustré par Alexandre Bonnefoy et présente dans un premier temps le grand classique Momotarô. Un vieux couple de paysans trouve une énorme pêche dans la rivière (elle a l’air bien justeuse sur le dessin !) et, alors qu’ils la découpent pour la manger, ils y trouvent un adorable bébé. Ils le nomment Momotarô et l’élèvent chez eux. Mais il est paresseux et ne fait pas grand chose de ses journées en grandissant. Cependant, lorsqu’il apprend que des ogres viennent d’une île maléfique pour piller et brûler les villages de la région, il décide d’aller les battres. Ses parents lui donnent des kibidangos (galettes de millet) pour le voyage. Sur son chemin, il croise un chien (trop mignon ce petit chien tout rond !), un singe et un faisan. Ceux-ci l’accompagnent en échange d’une galette. Grâce à eux, Momotarô réussira à battre les onis (ces grands ogres un peu rondouillets, effrayants, mais pas trop, bleu, rouge et vert, sur une île grise avec des flammes qui surgissent de partout … de quoi se faire un peu peur !). Et tout est bien qui finit bien : les onis promettent de ne plus semer la terreur et rendent les trésors au petit garçon qui rentre glorieux au village et qui est depuis beaucoup plus gentil et serviable.

Le deuxième conte présente Kuma et Kitsuné, donc un ours et un renard en japonais. Tous deux sont obligés de cultiver un champ faute de nourriture disponible. Le rusé Kitsuné dit à Kuma qu’il a le droit de manger la partie de la plante qui sortira de terre, et que lui mangera les racines … évidemment, il a semé des graines de radis (de gros daikon), et l’ours se retrouve à manger des feuilles peu nourrissantes tandis que le renard se régale de gros radis juteux. L’année suivante, Kuma veut inverser, Kitsuné est d’accord … car il a planté des fraisiers ! Le pauvre Kuma s’est encore fait avoir. Et cela continue lorsque le renard lui demande de décrocher une ruche, lui disant qu eles abeilles sont parties … mais elles sont bien là et attaquent l’ours tandis que son compère se régale du miel. Il faut donner une bonne leçon à ce renard. Kuma lui dit qu’il y a des chevaux sauvages et qu’il pourra en capturer un s’il accroche sa queue à celle du cheval. Kitsuné suit son conseil et se retrouve très vite traîné par le cheval. Il atterrit finalement dans une flaque de boue ! Comprenant que chacun ne s’est pas comporté correctement envers l’autre, les excuses sont faites et ils cultivent ensemble le potager dont ils partagent les ressources équitablement.

Dans Le démon et la jeune fille, on retrouve le thème du Vaillant petit tailleur : une petite fille réussit à tuer cinq moustiques d’un coup, « cinq bêtes sanguinaires ». Des soldats, qui passent par là et cherchent, sur ordre du roi, quelqu’un capable de tuer l’oni qui terrorise le village d’une province voisine, l’entendent et lui disent de venir tuer une autre créature sanguinaire. Lorsqu’elle découvre que c’est un oni qu’elle doit tuer, elle fait moins la fière. Mais ingénieuse, elle trouvera un moyen de capturer l’oni (je vous laisse la surprise) et de lui faire promettre de ne plus embêter les habitants. Pour toute récompense, elle voudra juste des moustiquaires à ses fenêtres !
Le lecteur appréciera l’explosion de couleurs, la rondeur des personnages, les paysages rocheux, montagneux, les forêts de bambous, les torii, lanternes, châteaux, tatami et jizo pour un décor japonais qui émerveillera les enfants.

Dans le recueil 4, c’est Delphine Vaufrey qui tient la plume et le crayon. Les traits sont plus fins, plus aériens, mais l’ambiance est tout aussi magique et colorée.
Le recueil s’ouvre sur le grand classique Urashima Tarô. Dans un village de pêcheur, le jeune Urashima sauve une tortue qui était maltraitée par les enfants. Le lendemain, il est remercié par la mère de la tortue et emmené par elle voir la princesse des océans. Dans un palais merveilleux, il mange un délicieux repas et découvre des paysages fabuleux au fil des saisons. Il perd la notion du temps auprès de la princesse. Et lorsqu’il se décide à retourner dans son village, elle lui offre une boîte qu’il ne doit pas ouvrir, elle contient tous ses souvenirs. Mais le village a chancé, Ulrashima se rend compte qu’il est parti il y a plus de cent ans. Lorsqu’il ouvre la boîte, ses souvenirs s’échappent et il devient un vieillard. Le lecteur sera ébloui, comme le héros, par la beauté des paysages sur la grande double page qui leur est consacrée : arbres enneigés, coraux, cerisiers en fleurs, ginkgo de l’automne, poissons mêlés … Une splendeur !

J’ai beaucoup aimé Le royaume des souris. Un vieil homme part au travail dans la forêt, sa femme lui a préparé des onigiri (boulettes de riz entourés d’une feuille d’algue). Lorsqu’il fait tombé un onigiri dans un trou, une voix lui en demande un deuxième, le vieillard s’exécute. Puis il va dans le trou et donne son troisième onigiri à une souris qui l’emmène alors dans son royaume. Il y mange, s’amuse, danse. La seule chose à ne pas faire est d’imiter un chat, ce qui effraierait toutes les souris. Le Roi souris lui propose ensuite d’emporter le trésor de son choix. Le vieil homme se contente d’une petite bourse de pièces d’or. Lorsqu’il raconte ses aventures à sa femme, un voisin malveillant écoute et va balancer des onigiri dans le trou. Impatient, il imite un chat, l’or disparaît et le méchant homme est obligé de ramper dans le noir pour s’échapper. Le trou sera ensuite feré à jamais. Et le lecteur se sera beaucoup amusé à voir toutes les adorables souris faire la fête !

La dernière histoire, Le tengu invisible, met une fois de plus en scène un petit garçon. Celui-ci est un chenapan paresseux et farceur. Et lorsqu’il voit dans la forêt un Tengu (démon rouge au long nez, qui n’a pas l’air très méchant), qui possède une cape d’invisibilité, il n’a qu’une idée en tête : la lui voler. Il réussira à l’embobiner avec une fausse longue-vue en bambou (qui permet paraît-il de voir Osaka, le Mont Fuji et même la princesse dans les jardins du palais impérial de Kyoto !). Le tengu prendra la longue-vue pour regarder, pendant que le garçon lui volera sa cape. Malheureusement, sa mère voyant une cape toute crasseuse la brûlera. Mais le garçonnet réussira à se rendre invisible en se recouvrant le corps de cendre. Il jouera des tours aux habitants du village … jusqu’à ce que la pluie tombe … Vous imaginez la suite !
N’hésitez pas, précipitez-vous en librairie ou sur le site des éditions Issekinicho pour acheter ces superbes recueils de contes à partager en famille pour rire, se faire peur et surtout en prendre plein les yeux !