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Le récital de piano d’Akiko Miyakoshi : gérer son trac de pianiste !

Voici un livre tout doux et adorable qui évoque un sujet qui m’a particulièrement touchée : le trac lors d’un récital de piano. Avoir le coeur qui palpite, les mains moites, peur de faire des fausses notes … je ne compte pas le nombre de fois où j’ai connu cela enfant au conservatoire. J’adorais jouer (et j’adore toujours) du piano, mais les examens et autres concerts me stressaient beaucoup. J’ai donc trouvé cette histoire intéressante pour essayer de dédramatiser ce type d’événement.

Une petite fille attend son tour pour monter sur scène et jouer son morceau au piano. Elle se répète sans cesse « ça va aller ». Et soudain, une petite voix au ras du sol dit la même chose. C’est une petite souris qui a elle aussi mis sa belle robe pour un récital. Elle invite la petite Momoko à venir voir le spectacle des souris.

En passant par une porte minuscule, elles arrivent dans une salle remplie de petits fauteuils sur lesquels sont assis des rongeurs. Lorsque le spectacle commence, la petite fille est émerveillée par les numéros de cirque, par une danseuse qui se transforme en papillon, par une cantatrice qui entraîne une foule de souris à chanter et danser, même si ce n’est pas en rythme. Une ballerine aux petites pattes et petits bras prend la pose d’un air assuré puis s’envole grâce à une corde pour atterrir sur la robe de Momoko ravie !

C’est maintenant à la petite souris angoissée de chanter … la petite fille la rassure et lui dit qu’elle va l’accompagner au piano. Tout le monde se joint au duo. C’est alors que Momoko réalise qu’elle est sur scène, assise à son piano. Les applaudissements pleuvent dès qu’elle achève son morceau. Sa mère lui dira plus tard qu’elle avait un beau sourire lorsqu’elle jouait.

Le texte peut sembler un peu plat, il est très descriptif mais pas très poétique, la poésie et la magie se trouvant davantage dans les dessins crayonnés que j’aime beaucoup. Je trouve en général que le crayon permet de travailler très finement sur l’ombre et la lumière, ce qui est particulièrement flagrant dans ce livre. L’ensemble est globalement très gris et pourrait paraître sombre, mais les touches de couleur des vêtements, de certains éléments des décors et la lumière posée sur les artistes donnent une impression de douceur, de rêverie et de magie. C’est un univers merveilleux, un monde parallèle où tout le monde chante, danse, rit. Comme une parenthèse enchantée qui permet d’appréhender la vie avec beaucoup plus de légèreté ! De quoi rassurer et allèger le coeur des enfants anxieux !

Un très beau livre à mettre entre les mains de tous les enfants qui ont peur avant les spectacles, les prises de parole en public, les grands événements. Des événements qui font certes grandir et laissent de bons souvenirs, mais peuvent terroriser sur le moment. Et puis, ces petites souris sont tellement craquantes !

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Les 100 objets du Japon de Julien Giry et Aurélie Roperch : découvrir le Japon par ses objets traditionnels ou modernes

Après nous avoir offert un superbe voyage en cent vues à travers le Japon (Les 100 vues du Japon, autre très beau livre aux textes et photographies merveilleux), Julien et Aurélie invitent cette fois le curieux, collectionneur, voyageur ou futur voyageur à découvrir ou redécouvrir les objets japonais.

100 objets, c’est à la fois peu et beaucoup pour un pays. Cela permet de découvrir les objets traditionnels (kokeshi, masque, pierre à encre et autres objets issus du riche artisanat), mais également des choses beaucoup plus modernes (on pense naturellement aux toilettes, aux jeux vidéo, aux distributeurs de boissons – dans le top 10 pour mon fils ! -, aux cups noodles, aux poussettes à chien, et tellement d’autres choses surprenantes qui étonnent et émerveillent lors d’un premier voyage dans ce pays).

Feuilleter ce livre est un plaisir toujours renouvelé. C’est reconnaître des objets croisés en voyage et y repenser avec nostalgie, c’est noter un objet qu’on n’a pas vu et que l’on ne veut pas oublier lors du prochain voyage, c’est apprendre plein de choses sur tous ceux qui sont présentés : origine, fabrication, signification, lieu où le trouver, façon de s’en servir.

La présentation est très intéressante : le nom en japonais, une ou deux photos, le nom en français avec un court texte en rouge pour aller à l’essentiel, puis dans la deuxième moitié de la page, un texte qui retrace l’histoire de l’objet, sa présence géographique, son usage au fil du temps … des textes toujours passionnants, précis, documentés, et très bien écrits (une plume très belle que j’avais déjà beaucoup appréciée dans leur précédent livre). Et chaque fois que c’est possible, les auteurs livrent des informations plus pratiques pour pouvoir découvrir ces objets par soi-même (dans quelles villes, quartiers les trouver, avec des échelles de prix, voire des sites internet et des adresses françaises pour ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir se rendre au Japon).

Le choix des objets a été fait en collaboration avec Aya Ozu (japonaise, qui avait fait la même démarche avec 50 objets français dans son livre La Chambre de Sophie la Parisienne). Les échanges ont permis d’ajuster les choix, de les expliquer, de comprendre ce qui fascinait parfois de façon surprenante et d’arriver ainsi à une liste de 100 objets.

Le classement a été pensé pour emmener le lecteur en voyage dans le Japon du quotidien (dans la rue, dans la maison, avec un zoom dans la cuisine, autour de l’habillement, des gourmandises), des saisons, des arts et artisanats, des souvenirs de voyage. En fonction de ses centres d’intérêt, chacun peut ainsi se rendre dans l’univers qui l’attire le plus … ou se laisser entraîner au fil des pages dans la découverte d’un pays fascinant !

Un livre indispensable pour tous les curieux ! A compléter par les 100 vues du Japon pour découvrir des paysages urbains et ruraux et ainsi avoir sous les yeux les multiples facettes du pays.

Vous pouvez commander les deux livres sur leur site !

Jour de haïku, Saisons du chat d’Yves Cotten

Haïkus et chats semblent faire bon ménage, en témoignent les haïkus de chat de Minami Shinbô, que je vous invite vivement à découvrir (poèmes pleins d’humour et illustrations rigolotes, un bonheur de lecture !).

Yves Cotten est un dessinateur amateur de haïku et il réussit dans ce très beau livre à mêler ses deux passions pour notre plus grand plaisir !

Au fil des saisons (le livre commence classiquement au printemps, puis viennent l’été, l’automne, l’hiver et le Nouvel An qui est une saison à part entière pour les écrivains de haïkus), il illustre des haïkus de poètes japonais classiques (Bashô, Buson, Ryôkan, Issa, Shiki entre autres), mais aussi modernes (Sodô, Shûson, Senshi etc.). Ses illustrations mettent en scène des chats, mais avec un anthropomorphisme saisissant : ils portent des marinières, des pantalons (ou des robes pour les chattes), et se promènent aussi bien en ville (sur les toits mais pour y pratiquer zazen ou observer le ciel adossé à une cheminée) que dans la nature. On les retrouve dans leur maison ou dans un parc, sur un bateau ou dans la foule (de chats le nez dans leur smartphone !).

L’originalité tient dans ce grand écart entre des poèmes en apparence classiques et des illustrations qui montrent leur caractère intemporel, ou parfois même leur modernité ! Et surtout, sous des aspects frais et légers, ces poèmes résonnent en nous et nous invitent à réfléchir, à repenser le monde qui nous entoure, notre mode de vie, nos sensations.

Certains vous feront sourire, d’autres vous feront rêver, vous émerveilleront ou vous rendront nostalgique. En tous cas, ils vous toucheront … et c’est bien là le plus beau des cadeaux que nous offre la poésie !

Un vrai beau cadeau à offrir à ceux qui vous sont chers, un livre au format parfait pour apprécier le haïku écrit au milieu de la page de gauche et la grande illustration pleine page qui lui fait face. L’objet est de très bonne qualité, le papier bien épais, les détails soignés. Les couleurs sont douces et évoluent au fil des saisons. Rose et vert au printemps, plus bleu et jaune en été, orangé et marron en automne, gris en hiver … Un dégradé dans lequel se promènent des chats souvent petits face à l’immensité d’un ciel, d’une mer, d’une forêt. Un livre qui invite à regarder le monde qui nous entoure …

Mon poème préféré est celui qui ouvre le livre (et que je vous laisse découvrir chez votre libraire) :

Rien d’autre aujourd’hui
que d’aller dans le printemps
rien de plus

Yosa Buson

illustré par un cerisier en fleurs sur lequel est accrochée une balançoire qui bouge comme pour aller se lancer dans le nuage rose juste au-dessus d’elle ! Et je m’imagine déjà sur cette balançoire, la tête dans les pétales !

Zen de Maxence Fermine : le calligraphe zen

Ce petit livre (il est sorti en format poche en septembre) est un petit bonheur de lecture à s’offrir ou à offrir sans modération. Il fait partie de ces ouvrages qui se lisent pour se glisser hors du temps, de ces livres bulles qui se dégustent par petites gorgées, comme un bon thé vert japonais.

Un livre qui apaise, qui « offre » du temps, qui nous emmène loin (à trois heures de marche de Kyoto), mais un « loin » terriblement familier, agréable, doux.

Si l’ambiance actuelle vous stresse, plongez vous quelques heures dans ce petit roman cocon !

Maître Kuro est donc calligraphe. Il vit dans une modeste pagode à trois heures de marche de Kyoto, ville dans laquelle il se rend rarement pour pratiquer zazen au temple et acheter son matériel de calligraphie dans l’échoppe de Monsieur Teiko. Sa modeste demeure comporte trois pièces : une pour vivre, une pour dormir, une pour travailler. Et un jardin zen avec carpes qu’il nourrit, graviers qu’il ratisse et végétaux qu’il taille.

Il reçoit parfois quelques élèves passionnés qu’il loge s’ils viennent de loin.

Sa journée est consacrée à la calligraphie, à des promenades en forêt d’où il rapporte pierres et écorces, à la méditation, à des repas dont il savoure lentement chaque bouchée, à la lecture avant de s’endormir.

Son jour de repos hebdomadaire est consacré au marché : bavarder, acheter la nourriture simple dont il a besoin, parfois profiter d’un verre de saké et de quelques brochettes dans un petit restaurant.

Une vie calme, un art maîtrisé qui le comble, un homme totalement habité par la calligraphie, par le paysage qu’il absorbe et qui lui permet ensuite de tracer le trait noir sur le papier de riz très fin.

« Le soir, lorsqu’il quitte son atelier, Maître Kuro est épuisé mais heureux. Chaque tracé réalisé avec un soin infini représente un pas de plus sur le chemin qui le conduit à la perfection de son art. Pour lui, le pinceau est un pendule entre ciel et terre, et l’art de la calligraphie la meilleure façon de se tenir en suspens entre le monde terrestre et celui des dieux. »

Lorsqu’il reçoit dans une enveloppe rouge une très belle calligraphie, il invite son auteur, la belle Yuna, à venir travailler chez lui. En maître exigeant, il la fait repartir de zéro : des exercices difficiles (rester toute une journée agenouillée sans parler) qui se succèdent jour après jour. La jeune femme s’y soumet avec une motivation sans faille. Mais que se passe-t-il ? Le maître semble perturbé, le doute s’installe en lui. C’est comme si la présence de Yuna cassait la belle harmonie de cette retraite studieuse.

Je n’en dirai pas plus, mais plongez-vous dans ces pages aux chapitres très courts, aux phrases minimalistes, comme des haïkus qui s’enchaîneraient pour décrire des atmosphères, des petits moments … et en filigrane des sentiments.

Une écriture ciselée comme un kirigami, qui laisse passer une lumière douce et chaude.

Des idées cadeaux pour les enfants, les ados (et les plus grands) : tout le monde peut dessiner !

Même si nous sommes encore loin de Noël, il n’est jamais trop tôt pour chercher des idées cadeaux originales. Offrir des livres pour apprendre aux enfants à dessiner sans complexe, c’est une idée chouette et il y a vraiment beaucoup de livres bien faits pour cela. Je vous propose donc ma petite sélection.

Rilakkuma pour les plus petits

Il y a déjà toute une collection de mallettes kawaï qui existent autour de ce célèbre ourson, pour découper, colorier, lacer, pailleter. Vous pourrez les découvrir dans cet article pour Journal du Japon.

Le petit dernier est un livre ardoise, en carton épais bien solide. Tout est fourni pour passer de bons moments : de vraies craies colorées, des encarts tableaux noirs pour écrire, et de beaux modèles.

La première double page est consacrée aux lettres : alphabet en majuscule en modèle, puis lignes sur tableau noir pour écrire son prénom, espace carré pour recopier les voyelles. La deuxième est consacrée aux formes, rond, carré, triangle, cœur. Sur la page noire, il faut les tracer entre deux lignes, d’abord en repassant sur les pointillés, puis juste avec le point de démarrage. Ensuite, Rilakkuma apparaît dessiné sur un quadrillage en page de gauche, il suffit alors de repasser sur les pointillés. En page de droite, c’est plus difficile, il y a juste le quadrillage, et l’enfant devra s’appliquer pour tracer l’ourson. Enfin, la dernière double page est faite pour que le petit artiste se lance : il peut colorier Rilakkuma et ses amis qui sont en bas de la grande page ardoise, avec un champignon (à colorier lui aussi), et au-dessus d’eux, beaucoup il aura beaucoup d’espace pour dessiner des nuages, un soleil, des oiseaux, ou tout ce qui lui passera par la tête.

Un livre mignon et une bonne initiation au dessin à la craie.

Des licornes, des lamas et autres animaux kawaï à partir de formes simples !

Peut-être que votre enfant (ou vous-même) aimerait dessiner mais qu’il se trouve « nul ». En fait, il suffit juste de trouver le bon livre qui permettra à tout le monde de dessiner « très bien » sans difficulté. C’est possible. Par exemple avec l’excellent Doodling créatif de Julie Adore (des fleurs en bouquets, en couronnes, des branches et plein d’autres choses très simples à faire, et qui donnent des résultats bluffants). Ici c’est des animaux trop mignons qu’il est possible de dessiner vraiment facilement grâce à Lulu Mayo.

Le principe est de partir de formes très simples, d’ajouter des éléments tout aussi simples et d’obtenir un animal rigolo et adorable.

Prenons le lama (un peu partout cette année) : dessinez un L majuscule aux contours frisés et voilà son corps, ajoutez ensuite un cercle frisé pour son visage, puis un nez en forme de cœur, placez deux oreilles bananes et des pattes triangles, décorez avec un motif inca (ou tout autre motif issu de votre imagination), vous obtiendrez un superbe lama et serez surpris par la simplicité de la chose !

Pour le paresseux, le corps est un rond avec un rectangle, les bras sont des saucisses, les pattes de petits triangles étroits et le visage un cœur. La licorne dodue est dessinée à partir d’un gros haricot … Au total, une trentaine d’animaux prennent vie sous le crayon de toute personne qui ouvre le livre ! Une simplicité bluffante !

Ajoutez à cela une belle couverture à paillettes, des présentations aérées (modèle étape par étape en page de gauche, page de droite pour dessiner soi-même, avec en bas de page des petites scènes mignonnes de l’animal en question, seul, en couple ou en famille) et enfin un prix tout petit … et voilà le cadeau parfait pour les petits comme pour les grands !

Dessiner les mangas : des livres simples à petit prix !

Si votre ado adore dessiner et veut se lancer dans les dessins manga, les éditions Eyrolles ont des petits livres pas chers pour qu’il se lance sans prise de tête. Il existe en version Dessiner les mangas et en version Dessiner les combats mangas. Les deux ouvrages ont toutes les pages du début en commun, les dessins changent ensuite et ils peuvent se compléter pour les modèles et l’inspiration.

Pour démarrer, il est rappelé qu’il est important d’apprendre à regarder, à voir, à s’inspirer en visitant des musées, en regardant des artistes pratiquer, mais aussi de multiplier les croquis dans un carnet, de griffonner, d’expérimenter. S’imprégner du monde qui nous entoure et dessiner encore et encore. Le matériel est présenté (quels crayons, feutres, pinceaux, plumes pour quels usages). Les bases sur les perspectives sont expliquées. Et surtout le commencement avec des formes simples, des silhouettes qu’on apprend à mettre en mouvement.

Ensuite il faut savoir dessiner les têtes (profil, face, partir d’une forme simple, ajouter les yeux, le nez, la bouche), leur donner des expressions (et le conseil tout bête de se regarder dans un miroir !), dessiner les cheveux (différentes coupes, différents mouvements).

Puis les personnages arrivent : samouraï, combattant (arts martiaux, mouvement de jambe, de pied), guerrier, robot (travailler les ombres sur le métal), fille en kimono (les plis du tissu), action explosive, tortue robot sur laquelle est assise une jeune fille.

Une grande diversité et plein de conseils simples pour se lancer sans crainte.

Le volume consacré aux combats insiste sur la façon de donner du mouvement avec différents types de traits, montre un guerrier bondissant, un robot géant, explique comment représenter les coups de pied, les personnes sur la défensive, les chutes, les scènes d’action, avec un combat contre un vampire pour finir !

Des ouvrages clairs, des conseils, des dessins nombreux, des heures de dessin en perspective !

Tout dessiner au jour le jour tome 2 : éphéméride du dessin

La rentrée est toujours l’occasion de se mettre à de nouvelles activités. Ce livre de dessin vous permettra de gribouiller sans complexe et avec une certaine facilité toute l’année. Avec un stylo bille ou un crayon et quelques couleurs, vous deviendrez un artiste capable de dessiner au fil des saisons.

Après les bases très bien expliquées (quel matériel utiliser, comment dessiner un humain, un animal), le livre aborde différents thèmes de petits dessins au fil des saisons.

Il commence avec l’hiver, mais vous pouvez allez à la date qui vous intéresse et regarder ce qui est proposé. La dessinatrice vous raconte des anecdotes personnelles (comme un journal qu’elle tiendrait jour après jour) et propose des dessins qui se rapportent à la saison et à ce qu’elle a pu vivre dans la journée.

Ainsi au 3 septembre, elle nous montre comment dessiner le vent d’un typhon (tristement d’actualité). Le 4, elle raconte qu’elle a visité une belle boutique de décoration et nous apprend à dessiner des lampes et des chaises dans différents styles. Le 15 septembre c’est un plat de spaghettis qui prend forme, et le 16 un plant de riz.

Vous apprendrez à dessiner simplement (les étapes sont détaillées, souvent au nombre de trois et très faciles à réaliser) la nature, les animaux, les fleurs, la nourriture, les objets du quotidien, les personnes dans leurs activités, mais également des choses typiquement japonaises : la tour de Tokyo et la Tokyo Skytree, les koinobori de la fête des enfants, les pâtisseries japonaises, le mont Fuji, les clochettes Furin, un kimono ou un pinceau de calligraphie.

Beaucoup d’idées faciles à piocher pour illustrer un bullet journal ou un agenda classique, pour l’embellir et lui donner un petit air de fantaisie japonaise.

Ensô, les cercles d’éveil dans l’Art zen : rendre visible l’invisible

Voici un livre très original publié par les éditions Sully dans leur belle collection japonaise Le Prunier. Un livre de cercles peints au pinceau par des maîtres zen … Pourquoi ? Parce que, en lisant cet ouvrage et en admirant les cercles et les calligraphies qui les accompagnent, on pénètre dans la matrice du bouddhisme zen, et c’est passionnant !

Les cercles d’éveil dans l’art zen sont très anciens. Initialement, ils n’étaient pas écrits, mais tracés dans l’air ou sur le sol. Il faut attendre l’introduction du bouddhisme zen au Japon au XIIIème siècle pour que ces cercles prennent forme sur papier.

Les premières pages de l’ouvrage apportent de précieux éléments de compréhension historiques et spirituels. Les cercles tentent de montrer l’éveil, l’énergie, l’univers lui-même, le moment tel qu’il est. Le cercle est peint d’un unique trait de pinceau, sur une seule expiration. Il est la représentation de la totalité du grand vide. En effet, pour D.T. Suzuki, « les arts du zen ne sont pas conçus pour des fins utilitaires, ni pour un plaisir purement esthétique, mais visent à exercer l’esprit, en fait, à le faire entrer en contact avec la réalité ultime. »

Le Sûtra du Cœur met en mots la vacuité représentée dans l’ensô :

La forme est vacuité, la vacuité est forme ;
La forme n’est rien d’autre que la vacuité, la vacuité n’est rien d’autre que la forme ;
Cela qui est forme est vacuité, et cela qui est vacuité est forme.
Il en va de même pour l’émotion, la conception, l’activation et la discrimination.

Mais rassurez-vous, si vous avez quelques difficultés avec ce concept zen, le livre n’en est pas moins un trésor fabuleux pour les amoureux de calligraphie ! En effet, il présente de nombreux ensô de grands maîtres zen, avec des explications claires (qui était ce maître, quelle était sa philosophie, qu’a-t-il voulu représenter dans son ensô, que dit la calligraphie qui l’accompagne, le tout accompagné de petites anecdotes, d’histoires charmantes). Et si le cercle revient de page en page, la diversité est impressionnante : rond plus ou moins fin, plus ou moins noir, mouvement fluide ou saccadé. Par ailleurs, la mise en page est intéressante, parfois le rond prend toute la place et la calligraphie se retrouve toute petite dans un coin, parfois c’est l’inverse. Il y a même des ensô accompagnés d’animaux (chien, souris), de bambou (la calligraphie près du bambou est « Feuille après feuille dans le vent pur »). Et si le support est majoritairement le papier, vous trouverez également des ensô sur des planches de bois ou même sur un éventail. Vous serez parfois surpris par la présence d’un point dans l’ensô, ou par des petits ronds à l’intérieur du grand rond !

Certains ensô rassurent celui qui regarde. Ainsi, Ryôchû Nyoryû a écrit près de son ensô : « Mangez ceci et prenez une tasse de thé », priant le spectateur de ne pas s’inquiéter des implications philosophiques de l’image, mais de simplement se relaxer et prendre un en-cas.

« La puissance symbolique des cercles a longtemps fasciné les gens, et il en va de même dans le zen, à la différence près que celui-ci offre une chance de rompre avec les significations concrètes et une spéculation trop ambitieuse. Ainsi, quoique les ensô aient été interprétés comme des représentations du vide, de l’univers et de l’unité, on peut tout aussi bien y voir la lune, le bord d’un panier ou un modeste gâteau de riz. »

Le lecteur pourra apprécier la beauté de la calligraphie « longévité du pin, oisiveté des nuages », ou encore l’humour des maîtres zen avec « Un gâteau de riz peint ne satisfait pas la faim » ou l’espiègle « Si vous voulez cette lune, je vous la donnerai, essayez de l’attraper ! », et « Est-ce un mochi, est-ce un gâteau, ou le bord d’un panier ? ».

Un livre très original, pour méditer, admirer, et pourquoi pas se lancer ?

Kintsugi : l’art de la résilience par Céline Santini

Les livres feel good se multiplient sur les étagères des libraires. J’avoue que j’ai parfois du mal avec tous ces livres qui vous promettent le bonheur en quelques pages … Mais certains sont originaux et sortent du lot. C’est le cas de celui-ci. Céline Santini y parle résilience, réparation, grâce à un parallèle astucieux et bien mis en scène entre l’humain et la céramique. Quel rapport me direz-vous ? Eh bien si vous vous intéressez un peu aux arts japonais, et en particulier à la céramique, vous avez probablement entendu parler du Kintsugi, un art ancestral qui invite à réparer un objet cassé en soulignant ses cicatrices de poudre d’or. Céline nous propose de faire de même avec nos propres fêlures, les épreuves qui nous ont cassés, abîmés. Les réparer, en prenant le temps, les laisser apparaître, les révéler et même en faire une force.

Le kintsugi, ou l’art de sublimer les blessures … La voie du kintsugi peut être vue comme une forme d’art-thérapie, vous invitant à transcender vos épreuves et à transformer votre propre plomb en or. Il vous rappelle que vos cicatrices, qu’elles soient visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmonté vos difficultés. En matérialisant votre histoire, elles disent : « Tu as survécu ! » et vous apportent un supplément d’âme.

L’ouvrage reprend donc, chapitre après chapitre, les différentes étapes de la réalisation d’un kintsugi : Brisez, assemblez, patientez, réparez, révélez, sublimez. Les étapes sont divisées en petits gestes à accomplir, toujours avec un parallèle kintsugi/résilience humaine. L’étape Assemblez est ainsi décomposée en Préparez, Reconstituez, Transformez, Rassemblez, Comblez, Associez.

Partant de l’explication technique sur l’objet à réparer, l’auteur emmène ensuite le lecteur sur sa propre personne à réparer. Que la cassure soit physique (une longue maladie), ou mentale et émotionnelle (un divorce, la perte d’un être cher), elle explique comment avancer doucement mais sûrement. Pas par magie, mais avec du temps, une prise de conscience, une mise par écrit, une visualisation. Des pages d’exercices couleur beige permettent de faire le point, étape après étape, avec beaucoup de clarté et une extrême bienveillance, l’auteur ayant elle-même eu un parcours de vie compliqué (mais tellement enrichissant au final).

Elle donne de nombreux conseils et il faut prendre le temps pour franchir chaque pas qu’elle nous invite à faire. Elle ne dicte pas, elle explique, incite, donne des pistes. Elle invite chacun à trouver sa ou ses thérapies (voies physiques comme le yoga, l’escalade ou le shiatsu, émotionnelles comme la méditation, l’hypnose, la psychologie positive, sensorielles comme l’équithérapie, les massages, le chant, énergétiques comme le qi gong, le reiki, familiales ou artistiques).

Différentes idées inspirantes du livre :

  • Faire un tableau de visualisation en collant les images qu’on aime trouvées dans des magazines.
  • Faire évoluer ses plaisirs coupables ne plaisirs justes.
  • S’ouvrir aux autres, tenter des choses.
  • Désencombrer, simplifier, épurer.
  • Prendre des pauses dans la vie, prendre du temps pour cicatriser. Mais aussi enlever le masque du tout va bien, savoir exprimer ses tristesses et ses colères.
  • Dire oui aux opportunités. Faire la liste de nos envies réalisées et à faire encore. En réaliser une par mois.
  • Vivre en pleine conscience. Noter ses bonheurs quotidiens.
  • Avoir un kit anti-coup de blues qui contient un thé, un parfum, une recette que nous adorons, une photo qui nous est chère, un objet précieux, une musique, un film, un livre …
  • Resplendir : être unique, s’habiller avec des couleurs qu’on aime, se mettre en valeur, se redresser, assumer ses défauts … diffuser une aura.

Toutes les étapes qui permettent à un objet cassé d’être réparé peuvent être appliquées à l’être humain cassé que nous sommes. Il faut s’armer de patience, ne rien brusquer, ne pas précipiter une guérison qui ne serait pas solide.

Ce livre est une mine d’informations et d’idées. Il permet d’envisager un véritable parcours de guérison, de reconstruction, de confiance retrouvée à partir des fêlures soignées et assumées.

Et petit bonheur supplémentaire : les céramiques réparées par la technique du kintsugi sont présentées tout au long de la lecture, elles sont magnifiques, émouvantes. Et j’ai également adoré les citations très nombreuses qui illustrent les propos.

Avant d’être cassé, vous ne savez pas de quoi vous êtes fait. Ziad K. Abdelnour

Une fois la tempête passée, vous ne vous rappellerez pas comment vous l’avez surmontée, comment vous avez fait pour survivre, car vous ne serez même pas sûr qu’elle soit terminée. Mais une chose est sûre, quand vous sortirez de la tempête, vous ne serez pas la même personne. C’est ce que signifie la tempête. Haruki Murakami

Le monde brise les individus. Par la suite, certains sont plus forts à l’endroit de la fracture. Ernest Hemingway

Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu’il est sans blessure il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
Théophile Gautier

Et ce proverbe japonais : La vie est une lumière de bougie avant le vent.

Une lecture dense et inspirante, un baume sur les blessures dont chacun a pu souffrir.

Japon Express : le Japon dans l’objectif de Raymond Depardon

Les éditions Points ont eu la très bonne idée de publier un livre de photos du grand Raymond Depardon en format poche, donc à petit prix, mais de grande qualité. C’est l’occasion de découvrir le Japon de Tokyo à Kyoto mais vu par ce photographe hors norme.

Pourtant le Japon ne fait pas partie des pays qu’il photographie souvent. On le voit plutôt traîner ses appareils en Afrique ou en Amérique. Mais savez-vous qu’il a couvert les jeux Olympiques d’été à Tokyo en 1964 puis ceux d’hiver en 1972 à Sapporo ?

L’entretien qui ouvre le livre permet de comprendre son rapport au Japon et c’est passionnant.

« Je fais partie de cette génération à qui l’on a expliqué qu’il était obligatoire de tout savoir sur le Japon avant de faire la moindre photo.
Or, ce n’est pas vrai. On peut s’y rendre sans avoir une grande connaissance de la civilisation et de la culture de ce pays. C’est devenu très facile d’y séjourner, même sans parler le japonais. »

Il en aime les couleurs :

« Le Japon est un enchantement quand on photographie en couleur. Les tons pastel sont uniques et je me régale là-bas ! »

Il évoque aussi ce qu’il a pu voir et sentir : mariages dans les grands hôtels, facilité pour faire des photos de rue, la foule compacte mais la bienveillance. Il aimerait y rester plusieurs mois pour se rendre à la campagne ou dans les îles … On en rêve pour pouvoir les découvrir et les redécouvrir à travers ses photos !

En attendant, le livre est une grande promenade urbaine.

Béton, rails, escalators, escaliers, ponts et passages piétons qui s’entrecroisent.

Ombres et reflets, les humains sont partout : en haut d’une tour pour admirer un coucher de soleil, en costume cravate et en groupe à la sortie des bureaux, en pleine lecture dans une librairie ou jouant avec un smartphone dans un train, en tenue traditionnelle pour visiter Kyoto …

Autant d’instantanés de vie qui passent à la vitesse du shinkansen et laissent dans l’œil du lecteur une empreinte colorée.

On reconnaît ce quelque chose de Depardon, si difficile à définir mais si facile à repérer.

On l’imagine déambulant dans les villes, cherchant un angle, captant une atmosphère.

Même le cimetière semble habité !

La densité et la multiplicité des visages, des silhouettes, des lieux, des petits détails font de ce livre un portrait urbain très complet et fascinant.

Un petit livre pour un grand bonheur visuel !

Wabi-sabi pour aller plus loin de Leonard KOREN : retour aux sources de l’association de ces deux mots

Dans un précédent article, je vous présentais le premier ouvrage de Leonard KOREN sur la notion de Wabi-sabi.

C’est un nouveau livre sur le sujet, par le même auteur, que viennent de publier les éditions Sully. Le but de cet ouvrage est de revenir aux sources de ce terme qui est la juxtaposition voire la fusion de deux mots à l’origine séparés.

Dès le départ, l’auteur présente l’univers du wabi-sabi, système esthétique « complet », alliant fondements métaphysiques, valeurs spirituelles, état d’esprit, préceptes moraux et qualités matérielles.

En revenant à l’origine des deux mots qui composent ce système, l’ouvrage permet de comprendre chaque notion et comment elles ont fusionné.

Le mot sabi est très ancien, on le trouve dans le Manyoshu (la plus ancienne anthologie de poésie japonaise, compilée au VIIIème siècle). Il avait alors le sens d’être affligé. Puis cette sensibilité évolua en « prendre plaisir à ce qui est vieux, passé et solitaire » et en « beauté des choses flétries ».

On trouve également le mot wabi dans le Manyoshu, provenant d’une racine linguistique signifiant s’excuser profondément, humblement. Son utilisation se développa par la suite dans le cadre de la cérémonie du thé. Le thé wabi était préparé et présenté à même le sol dans une petite salle humble, avec de la vaisselle très simple. Le bouddhisme zen est très lié à cette façon d’appréhender la cérémonie du thé.

Ainsi Sen no Rikyû, grand maître de thé aurait eu les mots suivants :

Parmi les différents objets et ustensiles utilisés dans l’art du thé, rien n’est plus important qu’un rouleau suspendu (accroché dans la niche de la chambre de thé, généralement avec une calligraphie d’un bouddhiste « éveillé »).

Ces deux mots se sont naturellement rapprochés vers le milieu du XXème siècle. Daisetz Teitaro Suzuki, autorité en matière de bouddhisme zen et d’influence du zen sur les arts japonais, suggérait en effet : « À certains égards, wabi est sabi et sabi est wabi, ce sont des termes interchangeables ».

L’auteur réfléchit à cette association dès 1992 et développa cette notion de wabi-sabi dont il nous livre les clés : l’esthétique autre, la transfiguration du banal, la beauté aux confins du non-être, une élégante pauvreté, et l’imperfection.

En découle naturellement la matérialité de cette notion profondément ancrée dans le réel. Et s’en suit une ouverture sur la modernité : réalité wabi-sabi contre réalité numérique. Un raisonnement qui montre les incompatibilités entre le projet moderne et le wabi-sabi. Une réflexion ouverte sur notre rapport au monde dans une société de plus en plus numérique.

Un ouvrage indispensable qui part à la recherche de l’origine des mots, des concepts, de leur rapprochement à leur avenir.